Lettres au Maire 09

 

Le 26 septembre
Pour Monsieur le Premier Magistrat de la Ville

Très cher et distingué Monsieur.

Je vous fais parvenir ce courrier pour vous avertir que nous ne reviendrons dans votre ville que lorsque notre sécurité sera assurée.
En effet, participant au Congrès Annuel de Philosophie organisé par Les Amis de la Libre Pensée et les supermarchés BAPRY, autour du thème Transcendance de l’acte d’achat, nous avons été gravement agressés verbalement par de jeunes habitants de votre ville.

Etant logés en périphérie, nous faisions entre collègues une marche digestive après le repas du soir, généreusement arrosé d’un bon Bordeaux. Nous devisions gaiement de choses et d’autres, lorsque nous fûmes forcés de croiser la route d’un groupe d’individus d’origine maghrébine, visiblement occupés à rien.  

Une vive altercation s’en est suivie, au cours de laquelle nous avons donc été injuriés. Notamment, j’ai personnellement été traité, je cite, de gros pédé à lunettes, ainsi que d'enculés de bourgeois, tes livres, c'est rien que des mots de chiottes. Leur mépris du Livre et de la Culture Française nous a proprement scandalisé. Nous n’avons dû notre salut qu’au fait que nous étions une quarantaine de philosophes, face à deux jeunes. Leur inculture, ainsi que leur manque de respect vis-à-vis de l’intelligence, nous ont profondément choqué. De plus, ils mangeaient une pizza à même le trottoir, sans même une fourchette et un couteau !

Comme auteur de plusieurs opuscules remarqués et détenteur d’une chaire de philosophie, et doyen des participants à ce congrès, je vous somme donc de veiller à faire respecter un minimum de courtoisie à notre égard dans vos populations intellectuellement déficientes et sans éducation.

Sinon, nous ne reviendrons pas dans votre ville, qui perdra ainsi l’aura que notre présence lui apporte.

En vous souhaitant de pouvoir rétablir au plus vite votre niveau socioculturel.

Hughes Fromentin, philosophe