Lettres au Maire 08

Le 19 février
Monsieur le Maire

C’est avec angoisse que nous envisageons l’avenir. L’usine de pantoufles vient de fermer cette semaine. L’usine à gâteaux et cakes a fermé le mois dernier. En début d’année, l’usine de déodorant a elle aussi fermé, ainsi que l’usine de pâtée pour chiens et chats. L’année dernière, ce sont l’usine textile, l’usine de moteur pour machines à laver et l’usine de stylos-plumes qui ont fermé.

Que pensez-vous faire pour remédier à la disparition de nos usines qui faisaient la fierté et la prospérité de notre vallée ? Avec mes amis chasseurs, nous avions pensé organiser des rondes de surveillance autour des derniers sites industriels qui nous restent, mais un cousin gendarme m’a dit que c’était inutile, que rien ne se décidait chez nous. D’ailleurs, il est encore plus inquiet que moi. Trois restaurants chinois ont déjà brûlé dans la région ces temps-ci.

J’espère que vous avez des idées pour conserver nos usines. Parce que nous, on n’en a plus. C’est comme si la vie s’échappait de nos mains, sans que nous puissions rien n‘y faire.  Il y a bien des imbéciles qui racontent partout qu’il faut ouvrir un parc Nature et Découverte et un Mémorial de la Petite Industrie pour faire venir les touristes.
On vous prévient, Monsieur le Maire, le premier qui essaie de nous mettre dans un Musée, il a intérêt à courir vite. On n’est pas mort, et on ne veut pas mourir. On va se battre !

Alors votre demande de classement en Zone de Désindustrialisation Prioritaire, vous ne l’envoyez pas à Bruxelles. Vous n’êtes pas élu pour nous trahir. Il serait peut-être temps d’y penser.

Signé : le Comité de Combat des Trente-huit Derniers de L’usine d’Horloges Murales